Le 10 mai, c'est la journée de l'abolition de l'esclavage en France. Même si le 10 mai a été choisi en souvenir de la loi Taubira, lors de son acceptation en deuxième lecture au Sénat, le 10 mai 2001, c'est aussi la date de la proclamation anti-esclavagiste de Louis Delgrès, le 10 mai 1802. Histoire.
Aujourd'hui, le mémorial Louis Delgrès et le Fort perpétuent sa mémoire. (photo Mémorial Louis Delgrès/DR)
Le 10 mai est la Journée de l'abolition de l'esclavage en France depuis 2006. Beaucoup de noms résonnent parmi les personnalités ayant combattus l'esclavage. Instauré en souvenir de la date de l'acceptation en deuxième lecture de la loi Taubira le 10 mai 2001, le 10 mai est aussi, en Guadeloupe, la date de la proclamation anti-esclavagiste du 10 mai 1802 de Louis Delgrès, un homme qui va se dresser face au général Antoine Richepance, envoyé pour rétablir l'esclavage, par Napoléon Bonaparte.
Né à Saint-Pierre, en Martinique, le 2 août 1766, Louis Delgrès a fait une carrière militaire jusqu'à devenir colonel. Alors que l'esclavage a été aboli par la Convention le 4 février 1794, il soupçonne, en 1802, Napoléon Bonaparte de vouloir le rétablir. Ses soupçons s'avèrent exacts quand il voit débarquer, en Guadeloupe, le général Antoine Richepance avec 3500 hommes venus dans ce but. Louis Delgrès, commandant de la Basse-Terre, et d'autres officiers métis se rebellent.
Le 10 mai 1802, Louis Delgrès fait placarder sur les murs de Basse-Terre la proclamation A l'Univers entier, le dernier cri de l'innocence et du désespoir rédigée par le jeune adjudant général Monnereau, un blanc créole de la Martinique, où il s'adresse, en personne, à Napoléon Bonaparte, premier consul.
Cette proclamation est un haut fait de la résistance de la Guadeloupe aux troupes napoléoniennes.
Réfugié dans le Fort de Basse-Terre avec ses hommes, rejoint par Joseph Ignace, charpentier devenu militaire, et Solitude, une femme enceinte, Louis Delgrès est assiégé par les troupes de Richepance qu'il nargue, cependant, en jouant du violon sur les remparts.
Le 22 mai 1802, Louis Delgrès, qui refuse d'en faire une guerre de couleurs et voulant protéger la population de Basse-Terre, réussit à sortir du fort avec ses compagnons. Si Joseph Ignace marche vers Pointe-à-Pitre (il sera arrêté au fort de Baimbridge et poussé au suicide), Louis Delgrès reste à Basse-Terre et se réfugie dans l'habitation d'Anglemont, près de Matouba, au pied de la Soufrière. Refusant de se rendre, il se fait exploser avec 300 de ses compagnons, le 28 mai 1802, au cri de "Vivre libre ou mourir". Il a 35 ans.
Une plaque commémorative en son honneur se trouve dans la crypte du Panthéon, à Paris, où on peut lire "Héros de la lutte contre le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe, mort sans capituler avec trois cents combattants au Matouba en 1802. Pour que vive la liberté."
Article de la rédaction rédigé par Jérôme Decourcelles
*aujourd'hui, Fort Delgrès.
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